Hommages à Philippe Avron (réactions de Jean-Paul Farré, Dominique Houdart, Jérôme Thomas)

2 août 2010 par - Spectacle vivant

Philippe Avron nous a quitté.

Fifi la plume s’est envolé.
Il rejoint Montaigne, Shakespeare, son père, le monde de la littérature, de l’esprit, de la finesse, de l’intelligence dans lequel il nageait comme un saumon : il est remonté à la source pour y mourir.
De Jacques Lecoq chez qui nous nous sommes rencontrés il avait appris l’art du masque, du geste juste, de l’espace, de la rupture de rythme, et de la présence. Son entrée en scène était d’abord un sourire, qui immédiatement apprivoisait le public.
Du jeune benêt des Rustres de Goldoni au TNP à l’Idiot de Dostoïevski, de Sganarelle et … Dom Juan, de Molière, à Chocolat de « Tu connais la musique » de Robert Abirached, qui fut notre aventure commune à l’Odéon, il était un acteur protéiforme, drôle et tragique, sensible, léger.
Philippe Avron a aussi beaucoup écrit. Il est l’auteur de sketches avec Claude Evrard, puis de nombreux spectacles qu’il jouait seul, « Je suis un saumon », «  le Fantôme de Shakespeare », notamment.
Philippe, nous le rencontrions à Villeneuve-lez-Avignon, pendant le festival. Sur un banc de la place, il lisait l’Equipe, manifestement plus passionné par le Tour de France que par la critique théâtrale, et en levant le nez de son journal, en guise de bonjour, il nous récitait des pages de Montaigne.
Il ne négligeait pas la rencontre avec le public, la formation. Je me souviendrai toujours de notre rencontre dans une classe de lycée d’une petite ville près de Foix, à Tarascon-sur-Ariège, lui avec ses masques et son Pierrot d’Asnières, nous avec nos Padox, et du fou rire commun qui nous a pris lorsque le professeur a cru bon de disserter sur le masque et la marionnette pendant que nous jouions.

Merci, Philippe

Dominique Houdart

On dit toujours « il faut savoir tourner la page », mais avant il faut la lire, et celle écrite par Philippe Avron, il faut la lire et la relire plusieurs fois.

Merci Philippe de tout ce que tu nous as donné à entendre et à regarder sur scène. De « Pierrot d’Asnières » en passant par « Je suis un Saumon » à « Montaigne Shakespeare mon père et moi », dans tous tes spectacles en solitaire tu as apporté ta pierre personnelle au théâtre et à l’humour. En ces temps de comique aux forceps où la qualité du rire n’est pas toujours au rendez-vous, toi le Poète / Philosophe et le Clown / Funambule, tu nous as prouvé que l’on peut être un grand serviteur des mots et des idées sans oublier ton éternel sourire qui invitait les spectateurs à te suivre à travers les méandres de ton imagination débordante.

Jean-Paul Farré

J’ai eu la chance à 7 ans en 1970, et je remercie ma mère, d’avoir pu admirer sur une scène en bois,  au Pont de Cé, dans le Maine et Loire, Philippe Avron et Claude Evrard en duo. Spectacle à textes et répliques dans la tradition de la commedia dell’ arte, farce du théâtre populaire, le tout dans un parc entre 2 platanes et 4 projecteurs. Inoubliable ! Deux grands clowns poètes !
Philippe Avron m’ a soutenu en tournée à plusieurs reprises pour parler au public de mon travail artistique, j’ai toujours été très touché de cela.
Une gentillesse, une grande humanité et un amour sans limites pour le théâtre.
Je garde un souvenir ému de Philippe Avron et je transmets mes sincères condoléances à sa femme, sa famille, et ses nombreux amis.

Jérôme Thomas

Lire également :  le blog d’Armelle Héliot, « Philippe Avron, dernier salut… »

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