Et après ?

4 mai 2007 par Yves Nilly - Divers

Le lendemain du fameux débat télévisé entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, c’est surtout dans la presse étrangère que l’on relève le manque de souffle et de vision, de paroles fortes.

J’ai déjà écrit là-dessus, au tout début du site 2007culture.org, comme beaucoup d’autres. Nous pourrions refaire un copier/coller des nombreux articles, car rien ne semble avoir vraiment bougé, la preuve hier soir.

Nous avons évoqué l’absence de vision, d’engagement pour la culture, miroir des sociétés, la culture qui fait vivre ensemble, qui nous permet de regarder le monde avec d’autres yeux, de dialoguer et débattre, d’apprendre de l’autre. Stop. On appelle ça crier dans le désert.

La culture dans un trou noir, qui n’émet plus de lumière. Nos voisins étrangers en sont encore plus désolés, ils nous demandent avec incrédulité si c’est vrai que l’un des candidats envisage même de supprimer le ministère de la culture. Que leur répondre ? À la française, avec vanité, qu’il serait sans doute préférable de créer un Grand ministère de l’élévation, comprenant l’éducation, les arts, les loisirs, la jeunesse et les sports (non motorisés). Grand, comme le train à Grande vitesse, le Grand Louvre, la Grande bibliothèque, le Grand stade, les Grandes écoles, la Grande arche ? Une grande illusion surtout : penser exister au-delà de nos frontières sans une réelle ambition culturelle.

Commençons donc à préparer films, livres, musiques, toutes œuvres que nous enverrons bientôt à nos dirigeants politiques, à l’image de l’écrivain canadien Yann Martel (auteur de l’histoire de Pi).

L’écrivain a décidé d’envoyer tous les quinze jours au Premier ministre canadien un livre accompagné d’une lettre lui expliquant l’intérêt de l’œuvre qu’il lui propose. Il a pris cette initiative après avoir constaté le peu d’intérêt suscité par les arts et la culture lors d’une célébration au parlement du cinquantenaire du Conseil des arts du Canada. « J’ai eu envie de crier (aux députés): Ignorez-vous que les Canadiens aiment les livres, les chansons et la peinture? Pensez-vous que nous sommes des parasites vivant aux crochets des honnêtes gens ? ». Pendant l’hommage au conseil des arts, le Premier ministre n’avait même pas levé le nez et continué à classer ses papiers.

On peut suivre la suite de l’histoire sur le site créé par l’écrivain : www.whatisstephenharperreading.ca

Yves Nilly
Administrateur SACD délégué à la radio