Sisyphe et le tractopelle
1 avril 2009 par Bertrand van Effenterre - Audiovisuel
Depuis toujours je porte les copies de mes films. Stagiaire, assistant, producteur, réalisateur, quel que soit mon poste, je me suis sans cesse cassé le dos avec des copies 35mm qu’il fallait apporter en projection pour un festival, une présentation ou un mixage …
Alors quand on a commencé il y a quelques années à parler de projection numérique, je me suis senti dans la peau d’un Sisyphe auquel on ferait miroiter l’achat d’un tractopelle ! Vous vous imaginez, un fichier numérique à la place de ces p…. de copies qui pèsent des tonnes, qui vous encombrent dans les avions, dans les trains ou dans le coffre de la voiture ! Plus de colis pénibles à transporter, des frais techniques réduits, la possibilité d’une diffusion plus facile des films… Un rêve !
Mais un rêve qui aujourd’hui apparaît comme un cauchemar !
Essayez de demander à « un professionnel de la profession » comme dirait Godard de vous parler de la projection numérique dans les salles. Vous verrez, personne n’y comprend rien ! Enfin, pas techniquement, encore que… mais économiquement. Quels sont les enjeux, comment va évoluer la diffusion des films, est-ce que ce sera une facilité, une économie pour le producteur, une liberté nouvelle pour les auteurs ? Autant de questions auxquelles, à mon humble avis, vous n’aurez aucune réponse claire.
Alors, quand j’ai vu passer dans la presse spécialisée l’annonce d’un accord entre la SOREDIC, groupement de salles bien connues de l’Ouest de la France, et une société appelée IMAGYS, j’ai essayé de comprendre ce qui était en train de se dessiner dans le secteur de l’exploitation… Il faudrait d’ailleurs mieux dire de se tramer, de se combiner ou de se machiner !
Il y a un investissement assez lourd des salles que les exploitants ne veulent pas être les seuls à assumer : modification des cabines de projection, installation d’une climatisation indispensable pour le matériel numérique, achat du matériel numérique… sans compter, par ailleurs, la mise en conformité des salles pour l’accès aux handicapés (obligation légale). Les exploitants se sont tournés vers les distributeurs en leur disant, vous allez économiser le prix des copies, vous pouvez donc participer en partie à l’aménagement des projections numériques.
De là est née « la contribution numérique des distributeurs ». Idée diabolique, qui n’est pas sans rappeler la fameuse vignette pour les vieux et l’escroquerie intellectuelle qu’elle a longtemps représenté dans le paysage fiscal français. L’idée est que, tant que la salle n’a pas amorti ses investissements dans le numérique, le distributeur paie une contribution à cette transformation. Ceux qui ont vécu le passage de la pellicule au virtuel dans la fabrication des films, de la salle de montage à la caméra, du mixage à l’étalonnage, savent pertinemment que le numérique est en perpétuelle évolution, que le matériel est dépassé aussitôt mis sur le marché (obsolète comme disent les pédants) et que, par conséquent, cette contribution n’est pas prête de disparaître.
Dans l’accord Soredic/Imagys, Imagys apporte une garantie aux salles sur leur matériel numérique et demandera en contrepartie aux distributeurs la fameuse contribution pour chaque salle dans laquelle le distributeur souhaite faire passer son film. On parle de 700 euros par salle… C’est à dire une somme à peu près identique au prix de tirage d’une copie argentique pour les tirage en très grande série.
Vous voyez l’astuce : dans la chaîne producteur/distributeur/exploitant, se rajoute un intermédiaire qui va récupérer l’éventuelle économie que le numérique aurait pu apporter au film. Et le matériel numérique sera financé sur les recettes du film, puisque le distributeur fera l’avance de cette contribution, mais bien entendu la retiendra sur la part producteur… Après on s’étonne qu’en France les films ne soient jamais amortis.
Autre conséquence, la contribution numérique du distributeur versée à chaque salle sera un investissement sans possibilité d’amortissement sur le long terme, alors que la copie argentique, elle, peut s’amortir d’une salle à une autre. Les mécanismes actuels qui permettent la diffusion des films en profondeur seront donc totalement dépassés : le distributeur hésitera à payer une contribution à une nouvelle salle pour un film dont la recette n’est pas assurée. Ainsi le numérique qui devrait être un formidable marchepied pour une diffusion plus en profondeur des œuvres s’engage aujourd’hui sur une voie contraire qui privilégiera sans aucun doute la diffusion des films gros porteurs.
Mais en France, me direz-vous, il y a le CNC qui est garant de la diversité du cinéma et qui a la haute main sur l’organisation de l’économie du cinéma !
Et bien, j’ai cherché en vain une réflexion cohérente sur le passage au numérique. Un peu comme si le CNC se disait : « laissons le marché s’organiser tout seul et on verra ensuite à en corriger les effets ». Décidemment, entre le refus du compte de soutien auteur et le numérique, il y aurait beaucoup de choses à dire sur la relation du CNC avec les œuvres et ceux qui les créent !
Il y a bien un groupe « interprofessionnel » comme les aime tant l’administration, le CIN, Comité des Indépendants pour le Numérique, mais toutes ses réflexions sur les dangers du schéma qui se met en place très sournoisement sont pour l’instant restées lettre morte…
Voilà , je serais tellement heureux si quelqu’un me démontrait que ce que je viens d’expliquer est totalement faux et ridiculement alarmiste, que contrairement à ce que j’ai compris, le numérique va être un formidable facteur de diversité pour l’exploitation des films en France et qu’en plus il réduira considérablement le coût de sortie de films, bref que le cinéma, c’est à dire les films, leurs auteurs et leurs producteurs, sera le bénéficiaire de cette évolution technologique…
On peut toujours rêver…
Bertrand van Effenterre
PS : je n’ai pas parlé de la qualité de projection du numérique… Parce que là aussi les informations sont contradictoires. On me dit qu’aujourd’hui la norme de la meilleure projection numérique est de 4 K, et que pour atteindre l’équivalent de la projection en pellicule, il faudrait être à 16K … Allez savoir… En tout cas aujourd’hui, tous ceux qui ont assisté à une projection numérique peuvent le constater, pour l’instant y a pas photo !!!
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Commentaires (3)
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Sisyphe libéré !
Je viens de lire votre commentaire sur le blog de la SACD et, ayant la responsabilité d’Ymagis, ce « coup de gueule » me conduit à faire quelques mises au point.
L’accord entre Cinéville (et non SOREDIC) et Ymagis (et non Imagys) vous inquiète ? Il n’y a pourtant pas de quoi.
Si les copies 35mm ont pesé sur vos épaules pendant de nombreuses années, elles ont surtout pesé sur les épaules de toute la filière cinématographique, et tout particulièrement sur le cinéma d’auteur. Chaque année, pour amener les films jusqu’au public, les distributeurs font tirer plus de 80.000 copies 35mm. Un coût que le CNC évalue à environ 1.160 € par copie, soit au total une charge de plus de 90 millions d’euros. C’est-à -dire le budget de production de plusieurs dizaines de films. Mais cette charge n’est pas équitablement répartie : quand les plus grands distributeurs américains paiement leurs copies (en comptant tout ce qui va avec et que vous oubliez : les films annonce, les frais de logistique, etc.) moins de 900 €, de nombreux distributeurs indépendants payent plus du double de ce coût. La copie 35mm est un fardeau, qui termine sur les épaules des producteurs, et donc aux dépens de la création. Pour certains distributeurs indépendants, les coûts du 35mm représentent plus du tiers de leur chiffre d’affaires, c’est énorme.
A l’opposé, la projection numérique, pour une qualité que beaucoup jugent supérieure, induit des coûts techniques considérablement inférieurs : le master numérique vaut moins de la moitié d’un internégatif, les copies numériques coûtent dix fois moins que les copies 35mm. Que les salles passent au numérique, et c’est environ 80 millions d’euros d’économies pour les distributeurs, et donc pour les producteurs et les œuvres qu’ils financent. Cette économie ne se fait pas au détriment de la qualité. En effet, si l’on admet aujourd’hui que les images argentiques et numériques sont différentes, de nombreux professionnels reconnaissent à l’image numérique de nombreuses qualités parmi lesquelles le contraste, l’étendue de la colorimétrie, l’absence de vieillissement et d’usure sans oublier le son non compressé et même le bilan écologique.
Le problème, comme vous le résumez très bien, c’est que pour passer au numérique, il faut investir des sommes importantes dans l’exploitation (de l’ordre de 360 millions d’euros pour convertir toutes les salles françaises). C’est un investissement qui revient aux exploitants, alors que ce sont les distributeurs qui sont les bénéficiaires directs de la conversion.
C’est après ce constat que votre analyse s’égare. Je préfère en rester aux faits.
Ymagis met œuvre une idée simple, qui consiste à ce que les bénéficiaires des économies (les distributeurs et, indirectement, les producteurs) en laissent une partie aux exploitants pour leur permettre de financer leur équipement numérique. En effet, à chaque film programmé dans une salle, le distributeur va verser une contribution qui représente un montant inférieur à l’économie qu’il réalise. Selon vous, « on parle de 700 euros » ce qui serait le prix d’un tirage 35mm. Un raccourci malheureusement inexact. Ymagis propose aux distributeurs qui le souhaitent de signer un contrat leur garantissant un niveau contribution stable dans le temps et, que le lecteur se rassure, inférieur aux 700 euros murmurés ici ou là . Ymagis ne demande aucune contribution pour les films annonce. Pas de coûts supplémentaires, à part le coût des copies numériques (y compris la logistique, on trouve aujourd’hui des prestataires pour moins de 100 euros la copie). Quant le 35mm, tous frais compris (et pas que les coûts de tirage !) coûte en moyenne 1160 euros la copie (et non 700 euros), on voit très vite l’intérêt du schéma, qui dès à présent représente une source d’économie pour les distributeurs, et donc les producteurs. Rassurez-vous : une copie numérique peut, dans notre modèle, jouer comme une copie 35 mm dans la profondeur, sans que cela induise une explosion des coûts de contribution. Notre modèle a même été conçu pour assurer la continuation en profondeur, en apportant de quoi financer les cinémas de profondeur.
Pourquoi un tel schéma ? Parce qu’il permet de mobiliser les sommes qui sont nécessaires pour financer le passage au numérique. Le coût d’une telle conversion doit bien être financé : le budget du CNC n’y suffirait pas, comme l’a monté le rapport Goudineau. Les exploitants n’ont pas les moyens de financer une telle charge. Et augmenter les taxes paraît une solution dangereuse qui ferait augmenter le prix du billet. Le gros avantage de notre modèle est qu’il garantit aux distributeurs que dès à présent leurs coûts vont baisser, et qu’à terme, leurs coûts baisseront encore plus. A cet égard, la comparaison que vous faites avec les outils numériques pour la postproduction ne paraît pas adéquate : il existe une norme pour le numérique dans les salles, cette norme à l’image du 35mm, a été conçue pour durer et être universelle car les salles ne peuvent pas se permettre de changer leur équipement tous les cinq ans. A l’inverse, les sociétés de postproduction, guidées par une exigence artistique toujours plus haute, investissent en permanence dans nouveaux outils plus performants, non normalisés. Et pour qui a vu des projections 2K et 4K, il est facile de se persuader que les technologies du 2K répondent aux besoins de la grande majorité des salles françaises : le 4K n’apportera d’améliorations visibles que pour les grands écrans ; quand plus de 85% des écrans français ont moins de 12 mètres de base, l’enjeu du 4K est ici secondaire. Rien que la perforation des écrans vient introduire des perturbations supérieures aux améliorations. Je ne parlerai donc pas du 16K… De plus cette comparaison n’est valable que si la captation est elle-même effectuée dans ces formats. Les technologies de projection numérique sont faites pour durer, au point que les fournisseurs acceptent de consentir des garanties décennales sur leurs matériels… Or, le modèle proposé par Ymagis limite au strict financement des équipements et aux coûts de gestion du déploiement, la perception des contributions. Quand tout est financé, c’est-à -dire « repayé », les contributions s’arrêtent. Les contrats que nous signons le garantissent aux distributeurs, ceux qui ont eu notre contrat entre leurs mains peuvent le reconnaître.
D’ores et déjà , de nombreux exploitants ont pu s’équiper grâce à notre modèle, pour le moment tous des exploitants indépendants principalement orientés vers l’Art & Essai. L’application de notre modèle n’a pas conduit d’effets pervers aussi inquiétants que ce que vous craignez. Les distributeurs continuent de distribuer (mais ça leur coûte moins cher), les exploitants continuent de montrer des films au public (avec une qualité d’image et de son identique du premier au dernier jour). La réalité ramène les fantasmes à leur juste proportion.
Plutôt que de voir ce modèle comme « diabolique », je vous engage à le voir comme l’opportunité de voir (enfin) baisser les coûts de distribution. Ce modèle est conçu pour garantir dès aujourd’hui des économies par rapport au 35mm, à qualité au moins équivalente. Le débat du financement du numérique est resté pour l’instant cantonné à un face à face entre distributeurs et exploitants, alors que ceux qui ont tout à y gagner sont les producteurs, et avec eux les artistes. Or ce sont les grands absents du débat. Avec le schéma que nous mettons en place, nous apportons la garantie d’économies immédiates, qui seront encore plus importantes lorsque les équipements auront été financés. L’enjeu est particulièrement important pour les films d’auteurs, qui s’acquittent des prix de copie les plus élevés. Les producteurs, les artistes, devraient pousser toute la filière cinématographique à accélérer la mutation numérique. Le cinéma français sera le premier gagnant de ce changement. Sisyphe sera enfin libéré du poids de ses copies !
Et au-delà des copies, la diffusion numérique autorise une création libérée des contraintes de l’argentique. Les films pourront être proposés au public avec des versions différentes (VO/VF par exemple) Pourquoi ce qui (a) fait le succès de certains DVD ne pourrait pas être proposé sur grand écran ? Voire même plus, se libérer enfin de la cadence de 24 images / secondes ! Nul doute qu’un cinéaste n’envisage pas ces possibilités à un moment ou à un autre du processus de création.
Ne restez pas sur des impressions, tirées d’une seule lecture de la presse professionnelle. Pour que votre opinion puisse se bâtir sur une information complète, je vous invite à venir en débattre avec nous. Nous aurons grand plaisir à vous expliquer en quoi nous apportons un véritable service aux métiers du cinéma, et pourquoi ce que nous proposons correspond à un véritable besoin, sans constituer la menace que d’aucuns y voient. Et nous vous invitons à contacter l’un ou l’autre des exploitants qui a décidé de s’équiper avec notre appui, avec qui vous pourrez parler de ce que nous pouvons leur apporter.
Bien cordialement
Jean Mizrahi (Président d’Ymagis)
Mon « coup de gueule » venait en grande partie du silence assourdissant des autorités sur le passage au numérique alors que des industriels et des financiers, tels que Ymagis, (avec un Y, dont acte) commençaient à prendre pied dans le paysage et à pousser la porte de l’exploitation des œuvres.
Et voilà qu’en même temps je reçois le commentaire du Président d’Ymagis et le communiqué du CNC intitulé « Point d’étape sur les mesures destinées à favoriser la numérisation des salles » que je conseille fortement aux auteurs d’aller consulter.
Le débat est ouvert, et c’est tant mieux…
Ymagis énumère tous les avantages que le numérique apportera à la distribution des films dans les salles. Mais là -dessus, je serais d’accord avec eux, diminution des coûts de fabrication, de transport, de l’usure des copies etc… C’est d’ailleurs tout cela qui fait que nous, auteurs, nous nous sentons particulièrement concernés par l’évolution technologique. Mais pas si les conséquences sur la diffusion ne sont pas maîtrisées.
Et là , malheureusement, Ymagis n’apporte, d’après ce que je comprends, aucune garantie.
Un simple exemple pour permettre à nos lecteurs de comprendre le mécanisme de la fameuse « contribution numérique des distributeurs » : le distributeur paye une contribution pour la salle Y (comme Ymagis !) de la grande ville pour un film donné. Les recettes ne sont pas à la hauteur de ce qu’il espérait. Le distributeur ne prendra pas le risque de payer une nouvelle contribution pour la salle Z de la petite ville voisine la semaine suivante, alors qu’avec une copie argentique il n’aurait pas hésité à l’envoyer, l’investissement étant déjà réalisé. On a d’un côté une logique de financement, la contribution, dont le coût croît au fur et à mesure de l’exploitation, et de l’autre une logique d’amortissement, plus la copie tourne, plus le distributeur amortit ses frais.
Le CIN (Collectif des Indépendants pour le Numérique) a proposé que la contribution soit due, non pas sur chaque salle, mais sur le nombre de salles de la semaine d’exploitation la plus large, système qui laisserait au distributeur le choix de la meilleure diffusion possible pour son film. C’est une piste, il y en a peut-être d’autres… En tout cas le CIN pose le problème du respect de la diffusion des œuvres sur le territoire.
Aujourd’hui il semble que deux types d’intervenants arrivent sur le marché : ceux qu’on pourrait appeler « les tiers investisseurs », type Art Alliance Média, qui proposent de se charger en partie de la fourniture du matériel et de récupérer leurs investissements auprès des distributeurs, et ceux qu’on pourrait appeler « les tiers de confiance », type Ymagis, qui se proposent de garantir l’accès des salles aux films et d’être des intermédiaires entre les salles et les distributeurs.
Deux conceptions, mais aboutissant au même résultat, l’arrivée de nouveaux échelons dans la filière cinématographique.
Producteurs, distributeurs et exploitants sont soumis à des règles très précises de la part de l’administration (autorisation d’exercice, etc…) Qu’en sera-t-il pour ces nouveaux intervenants ? Comment les mécanismes internes de financement du cinéma, en particulier les possibilités de garantie et de soutien financier à travers l’IFCIC sont-ils compatibles avec des intervenants extérieurs à la filière ? Quelles sera la durée de la relation entre la salle et l’intervenant ? On parle de passage au numérique, mais le syndrome de la vignette nous guette !
Comment vont réagir les producteurs qui verront leurs recettes amputées de sommes servant à l’amélioration des salles mais également à rémunérer des intervenants nouveaux ?
On le voit, les questions sont nombreuses.
Dans son point d’étape, le CNC pose, enfin !, quelques principes qui devraient régir le passage au numérique. On sait trop aujourd’hui la fragilité de la diffusion des films sur le territoire français pour ne pas prendre quelques précautions destinées à garantir une vraie circulation des œuvres, une vraie indépendance de la programmation des salles, une vraie diversité de l’offre et un véritable respect des films.
Bertrand van Effenterre
PS : une petite pensée pour le combat que nous avons mené et gagné, nous, auteurs, au moment de la Loi de 1985, pour que la rémunération des auteurs soit calculée sur le prix payé par le public dans les salles cinématographiques. Car sinon, avec ce qui se prépare, c’est comme si l’amélioration des caisses enregistreuses de la Fnac se finançait en ponctionnant « une contribution électronique » sur les droits d’auteurs des écrivains !
> Mais pas si les conséquences sur la diffusion ne sont pas
> maîtrisées. Et là , malheureusement, Ymagis n’apporte,
> d’après ce que je comprends, aucune garantie.
Je ne vois pas en quoi un tiers ( de confiance ou investisseurs ) doit se charger des conséquences de la diffusion des œuvres.
La relation entre les ayant-droits, les diffuseurs/distributeurs et les exploitants restant les mêmes.
> Le distributeur ne prendra pas le risque de payer une nouvelle
> contribution pour la salle Z de la petite ville voisine la
> semaine suivante,
Un distributeur aurait le même dilemme pour une version 35mm.
A choisir entre la ville qui fait 30.000 entrées ou bien la petite qui n’en fait que 10, je suppose qu’il déboursera ses 1.200 euros de copie 35mm pour la grande.
> Le CIN (Collectif des Indépendants pour le Numérique) a
> proposé que la contribution soit due, non pas sur chaque salle,
> mais sur le nombre de salles de la semaine d’exploitation
> la plus large
Quand le CIN aura une vraie proposition sérieuse et non pas fantasmagorique, on en reparlera.
> Deux conceptions, mais aboutissant au même résultat,
> l’arrivée de nouveaux échelons dans la filière cinématographique.
Je vous donne un exemple quelque peu imaginatif.
Un jour, quelqu’un frappe a votre porte et vous annonce que pour l’achat d’un lecteur BluRay, les distributeurs/majors vous rembourseront une partie. Vous décidez donc d’aller acheter le fameux lecteur BluRay qui vous faisait de l’Å“il depuis des mois.
Vous envoyez la note à la personne qui vous remboursera le lecteur BluRay.
… En quoi cela change votre rapport avec vous et votre vendeur de lecteur BluRay, vous et votre vendeur de disque BluRay, vous et votre vendeur de pop-corn ? Rien.
Pourquoi ? parce que les tiers ne sont pas des échelons entre les intervenants déjà présent dans la filiaire (que ce soit distributeurs, diffuseurs, ayant-droits, public, fond public, CNC, CST, installateur, vendeur de pop-corn)
> On sait trop aujourd’hui la fragilité de la diffusion des films
> sur le territoire français pour ne pas prendre quelques
> précautions destinées à garantir une vraie circulation de
> s œuvres, une vraie indépendance de la programmation
> des salles, une vraie diversité de l’offre et un véritable
> respect des films.
Avec le numérique, même les indépendants pourront distribuer à moindre coût leurs oeuvres. C’est pas merveilleux ?