Avis aux comédiens

11 avril 2007 par - Divers

Vous suivez des cours d’art dramatique et vous étudiez votre discipline avec ferveur. Vous êtes comédien ou comédienne et vous exercez votre métier avec dignité. Vous admirez Marlon Brando et Meryl Streep. (Je ne cite pas les artistes français pour ne pas blesser ceux qui ne sont pas cités). Vous avez entendu parler du système Stanislavski. Vous avez peut-être regardé, un jour, l’excellente émission d’Actor’s Studio. Vous savez tout sur cette école légendaire de New York. Vous placez très hauts vos espoirs…

Allez voir le film « 300 ». Grand succès aux Etats-Unis. Plus de deux cent mille entrées à Paris. Qui aurait pu le croire ? Il s’agit d’offrir aux spectateurs une bataille célèbre. Trois cents guerriers de Sparte combattent contre plus de dix mille Perses. Sparte luttait pour la liberté de la Grèce. La Perse rêvait de dominer le monde.

Succès méritez. Beau divertissement de qualité. En prime : une révolution technique. Il n’y a pas de décor. Tout n’est qu’effet numérique. Adieu les paysages somptueux de nos bons vieux westerns. Adieu les décors de tant de films prestigieux.

Nous entrons dans une ère nouvelle : celle de la machine. Et pourquoi pas ? Les résultats, du point de vue de l’image, sont époustouflants. Quel est donc le problème ?

Vous, les comédiens. Vous, les acteurs. « 300 » est un exemple de ce qui vous attend. Première contrainte : les mâles ont dû faire de la gonflette à fond. Du body-building endiablé. La qualité de l’interprétation ne compte pas. À force d’êtres gonflés, ces pauvres artistes bougent comme des bœufs au bord de l’infarctus. Pis encore : ils sont placés dans un espace vide. Des écrans partout. Le décor, les paysages, l’ours au début du film…Tout obéit à l’effet numérique.

Aveu de l’acteur principal… « Parfois, je ne savais pas où regarder ». Et ça se voit ! Des yeux qui essaient d’imaginer ce qui n’existe pas ; le vide intérieur qui répond au vide extérieur.

Un film de James Bond avec des décors numériques ? Un film de James Bond avec un James Bond numérique ? Quelqu’un le fera un jour.

Un exemple, Lara Croft était devenue « l’héroïne électronique » la plus admirée au Japon. On tourne un film avec un être humain. Erreur : la belle Angeline Joly n’a pas eu autant de succès en Lara que l’héroïne du jeu. C’est dire…

Je sais. J’exagère. Le public, surtout celui qui lit la presse « people » vibre d’émotion en regardant un film d’Angeline avec son beau Brad Pitt.

Les acteurs, les actrices, ont encore de l’avenir pour un bout de temps…

En sommes-nous sûrs ?

Eduardo Manet

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