Une femme douce
3 octobre 2006 par Luc Béraud - Audiovisuel
Quatrième film d’un réalisateur qui avait étonné dès son premier long, “La Tourneuse de pages” est un film d’une maîtrise peu fréquente. Denis Dercourt est musicien et la musique, la façon dont elle agit sur ceux qui la pratiquent, est au centre de son travail de cinéaste. Mais cette fois-ci il a élargi son sujet – d’ailleurs le film est un succès public légitime mais inattendu – aiguisé l’intrigue et tendu les rapports entre les personnages.
C’est l’histoire d’une vengeance d’autant plus féroce qu’elle est feutrée. Il y a une volonté d’économiser les personnages et les décors pour rendre plus brutes et plus implacables les liens qu’ils tissent. La mise en scène est d’une économie de moyens qui a dû faire plaisir au producteur (j’ai repéré 1 seul mouvement de grue, mais dont la singularité fait peur) mais qui concentre le spectateur sur l’essentiel : l’espace que se tolèrent les personnages les uns par rapport aux autres. Bref, un réalisateur qui fait confiance à son sujet et sait aller à l’essentiel. Malgré un titre un peu Rohmerien et une rigueur un peu Bressonienne c’est plutôt du côté de Lang et d’Hitchcock qu’il faut chercher des parentés. Les comédiens sont tous formidables et bien distribués avec une mention spéciale pour Deborah François (découverte dans “L’Enfant” des frères Dardenne) qui fait évoluer son personnage avec une précision impressionnante. Dans ce film la musique n’adoucit pas les mœurs, elle les détruit. Sorti milieu août le film se donne encore en salle, n’attendez pas le DVD…
Luc Béraud
Administrateur
Co-président de la commission télévision